Croissance : l’impact de l’inégalité sur l’économie mondiale

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Un milliardaire peut acheter une île privée pendant qu’un enfant fouille les déchets pour survivre. Ce contraste ne se limite pas à une image brutale : il façonne, en silence, le destin de l’économie mondiale et laisse des cicatrices profondes dans la mécanique même de la croissance.

Les écarts de richesse ne relèvent plus simplement du domaine moral. Ils orientent la productivité, dictent le rythme de l’innovation, secouent la stabilité financière. Quand l’inégalité s’enracine dans les échanges, le moteur censé entraîner tous les wagons de la prospérité menace de caler, voire de s’emballer.

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Comprendre l’inégalité : un défi mondial persistant

La montée des inégalités redessine les lignes de force de l’économie mondiale. D’après la Banque mondiale, près de 10 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, tandis que la concentration des richesses pulvérise tous les plafonds dans les pays les plus avancés comme dans les économies émergentes. L’évolution des inégalités mondiales ne répond plus à une logique simple. Mutations démographiques, révolutions technologiques, bouleversements politiques : tout s’emmêle, tout s’accélère.

Des chercheurs comme Thomas Piketty et de grandes institutions internationales tirent la sonnette d’alarme : l’écart explose entre les revenus du fameux 1 % et le reste du monde. Nul continent épargné, de l’Amérique du Nord à l’Europe en passant par les pays à revenu intermédiaire. Même la France, championne de la redistribution, sent le sol trembler sous ses pieds.

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  • Dans les pays développés, les plus hauts revenus prennent le large, laissant la classe moyenne sur le quai.
  • Dans nombre de pays en développement, la pauvreté extrême décline, mais les écarts internes s’élargissent inexorablement.

La pauvreté qui s’accroche et les inégalités de revenu qui s’étirent alimentent frustrations et défiance. Les Nations unies relèvent que, dans bien des États, la croissance ne suffit plus à combler les fossés. L’inégalité intérieure s’impose alors comme une faille majeure, même chez les économies réputées solides.

Comment les écarts de richesse freinent la croissance économique ?

Quand la richesse s’entasse tout en haut, la croissance vacille. Que l’on scrute les pays industrialisés ou les économies en développement, la polarisation des revenus mine la classe moyenne, ce cœur battant de la demande et de l’investissement productif.

L’économiste Branko Milanovic, spécialiste des inégalités mondiales, détaille les rouages qui grippent le développement économique :

  • La consommation ralentit : une poignée de privilégiés accumule, tandis que la majorité, à court de moyens, rogne sur ses dépenses.
  • La mobilité sociale s’étiole : accès inégal à l’éducation ou à la santé, capital humain en panne.
  • La cohésion sociale s’effrite : tensions politiques, méfiance, fuite des investisseurs.

Dans quantité de pays en développement, la croissance a hissé certains vers de nouveaux horizons, mais l’échelle sociale reste inaccessible pour beaucoup. Les pays européens non plus ne sont pas immunisés : salaires figés, emplois précaires, perte de confiance dans les institutions.

Une croissance inclusive réclame une division plus juste des fruits du progrès. Sans réduction des inégalités sociales, l’expansion économique se révèle friable, parfois même illusoire.

Des conséquences concrètes sur l’innovation, l’emploi et la stabilité sociale

Quand les inégalités s’emballent, c’est toute l’économie réelle qui tangue, la cohésion sociale qui vacille, l’innovation qui s’étiole. Plus les fortunes et les revenus se concentrent, plus l’accès aux ressources, à la formation, aux technologies se limite à un cercle restreint. Résultat : l’ascenseur social reste bloqué à l’étage des puissants, tandis que la créativité et l’investissement tournent en vase clos.

Observez la France et d’autres grandes économies : la montée des inégalités va de pair avec un produit intérieur brut par habitant qui piétine, un patrimoine public qui s’érode. La protection sociale, pilier de l’équilibre, se retrouve sous tension, laissant les plus fragiles en première ligne.

  • La distance s’accentue entre patrimoine privé et patrimoine public, ce qui handicape l’investissement dans l’école ou la santé.
  • L’écart de rémunération entre hommes et femmes perdure, freinant le potentiel collectif.
  • Les crises économiques, aggravées par l’absence de filet social, font naître des mouvements de contestation et une instabilité qui s’installe.

Les inégalités ne se contentent pas de remplir des rapports : elles dessinent l’ossature du progrès technique. L’innovation ne prospère que sur un terreau social large, ouvert, capable de porter la croissance sur la durée.

inégalités économiques

Vers de nouveaux modèles pour concilier prospérité et équité

Des pistes concrètes pour un développement durable

La croissance inclusive s’est imposée dans les débats mondiaux. Les objectifs de développement durable des Nations unies tracent la voie : réduire la pauvreté, ouvrir les portes de l’égalité des chances, renforcer la protection sociale. Les analyses du PNUD montrent que miser sur l’éducation et la santé ne profite pas qu’aux plus fragiles : c’est toute la société qui avance, plus soudée, plus résiliente.

  • Les pays en développement qui généralisent l’accès à l’éducation voient reculer les inégalités à grande vitesse.
  • La France, grâce à ses politiques de redistribution, affiche un indice de Gini plus bas que la moyenne de l’OCDE : preuve que l’action publique peut amortir les chocs.

De nouveaux modèles économiques émergent, axés sur la transition écologique et la responsabilité partagée. Les états insulaires en développement, par exemple, démontrent que l’alliance entre pouvoirs publics, entreprises et société civile permet de bâtir des systèmes aptes à encaisser les crises, à rebondir.

Indicateur Pays en développement France
Taux d’accès à l’éducation secondaire (%) 58 98
Investissement public en santé (% PIB) 2,5 8,9

Adapter les outils économiques, mettre en place une fiscalité progressive, muscler la protection sociale : autant de leviers pour bâtir une prospérité qui ne laisse personne sur le bord de la route.

Face à l’ombre portée des inégalités, il ne s’agit plus de corriger à la marge. Il s’agit de réinventer la donne, pour que la croissance ne soit plus un privilège, mais une aventure partagée.